Tribune Septembre 2020
Par Samy Kerob
1. La crise du covid-19, un catalyseur pour l’e-learning
Revenons au 13 mars 2020. Le président Macron annonce la fermeture des écoles pour une durée de deux semaines susceptible d’être prolongée. Il faut donc envisager la continuité du service public de l’éducation, pour une durée incertaine. Aussi, la réponse à la question « comment les élèves vont-ils continuer à étudier ? » est-elle simple : « à distance ».
Lorsque les écoles ont fermé, la grande majorité des enseignants a très vite réagi. Les uns, comme moi, ont créé un groupe sur Skype pour diffuser et échanger avec les étudiants de l’Université. Il faut préciser qu’ils n’étaient qu’une quinzaine. D’autres se sont formés à toute vitesse sur des plateformes comme EPREL ou BlackBoard Collaborate. D’autres encore se sont familiarisés avec Zoom, Microsoft Teams ou Slack. Certains ont même pu être instruits par leurs propres étudiants sur Discord, application beaucoup utilisée par des « hardcore gamers ».
Dans le secteur privé où les engagements financiers vis-à-vis des étudiants et des entreprises partenaires sont cruciaux, des outils avaient déjà été mis en place lors des grèves des transports du mois de décembre 2019. La mise en œuvre de la formation à distance au mois de mars a été plus facile.
Ce qui pouvait apparaître comme un moyen optionnel de diffuser du savoir et de créer une communauté autour d’un thème particulier est devenu une nécessité. Beaucoup d’enseignants ont pu montrer leurs capacités d’adaptation à ces nouveaux outils. Cela n’a pas été simple car la nouveauté s’accompagne de changements, en vitesse accélérée dans le cas de la COVID-19. Il ne suffit pas de se brancher sur telle ou telle plateforme et parler devant sa webcam. Tous ont dû travailler autrement. Comme beaucoup de mes confrères, j’ai refait tous mes supports de cours et repensé mes systèmes d’évaluation. Ce travail a permis de sortir d’une zone de confort et surtout répondu à une demande pressante de poursuivre les cours. Il a également ouvert davantage les voies vers de nouvelles façons d’enseigner.
Devant l’incertitude de l’évolution de l’épidémie COVID-19, il est fort possible que les enseignants qui, en quelques semaines, se sont formés aux outils numériques fassent leur rentrée 2020 à la maison.
2. Rentrée 2020 : Présentiel ou distanciel ? Telle est la question
Pourquoi pas des solutions hybrides ?
Voilà plusieurs semaines que le gouvernement et les autorités médicales lancent des messages d’alerte sur l’augmentation des cas de COVID-19. Cela n’a rien d’étonnant. Les rassemblements festifs et la concentration de personnes dans des hauts lieux touristiques estivaux n’ont fait que favoriser le développement de la contagion.
Par ailleurs, l’accroissement du nombre de tests a permis de détecter davantage de gens atteints par le virus. La situation demeure cependant sous contrôle à condition que des mesures de sécurité soient bien appliquées.
Déjà, les annonces d’une rentrée à haut risque se multiplient et les chefs d’établissement doivent faire preuve d’ingéniosité pour organiser l’accueil des élèves et enseignants dans les conditions sanitaires optimales. Dès le mois de juin, des universités avaient annoncé leur intention d’organiser les cours différemment pour la rentrée 2020. Strasbourg, Lille, Paris 12 –Val-de-Marne, entre autres, avaient effectivement travaillé sur l’organisation d’une période de cours à distance d’octobre à décembre. Pour certaines écoles, des solutions hybrides seront mises en œuvre. Pour conserver la distanciation de sécurité sanitaire, un roulement d’un demi-effectif sera aménagé. L’enseignant fera cours devant une classe à moitié pleine, l’autre partie étant à la maison, devant son écran. Il va donc falloir user d’ingéniosité pour traiter de manière équitable les étudiants présents et ceux qui seront à distance.
Le prolongement de ces mesures conduit une nouvelle fois à revoir ses méthodes de travail, aussi bien pour les enseignants que pour les étudiants. Il faut le prendre comme une aubaine, car à l’heure de la révolution digitale, la maîtrise des dispositifs disponibles sur le web (souvent gratuitement dans des versions basiques mais néanmoins puissantes) va considérablement aider les entreprises. Leurs futurs salariés seront encore mieux formés aux outils digitaux et aux astuces permettant d’améliorer leur productivité. Les formateurs quant à eux, ont aussi l’opportunité de s’adapter plus rapidement à ces changements et sortir de leur zone de confort.
Mais, en réalité, il n’y a rien de réellement nouveau ici. Le but de toute formation, n’est-elle pas de permettre aux individus de s’adapter au monde qui change ?